C’est un peu par hasard qu’on a découvert cet album de Sylvain
Chauveau. On avait croisé le jeune homme chez les soniques Watermelon
Club (sur Aliénor) et dans le somptueux projet Micro:Mega (sur Noise
Museum également), mais on ignorait qu’il travaillerait seul pour
donner naissance à ce Livre Noir du Capitalisme, en forme de manifeste
d’un bouillonnement intérieur, qu’on ressent tour à tour
comme une révolte ou un renoncement.
Essentiellement instrumental, le disque met l’accent sur les atmosphères,
mélancoliques et hivernales pour la plupart. Il semble constituer
une collection de cartes postales des différentes nuances de cette
mélancolie, comme une analyse personnelle, une Géographie
Intime. La plupart des compositions sont basées sur un piano, auquel
répondent parfois quelques clochettes, violons, batterie… Dès
lors, les comparaisons avec Yann Tiersen -justifiées, au final-
iront bon train, notamment lors des superbes envolées de Dernière
Etape Avant Le Silence, ou encore lorsque les accordéons viennent
nous bercer le temps de la valse Potlatch (1971-1999). Mais quand on écoute
–à faible volume, tel que Sylvain nous les conseille- Et Peu à
Peu Les Flots Respiraient Comme On Pleure, Géographie Intime ou
encore Dialogues Avec Le Vent, c’est à la pureté du Cycles
Of Days And Seasons de Hood et à l’évanescence du Come On
Die Young de Mogwaï (album décidement fondateur et essentiel)
que l’on pense. Ses Mains Tremblent Encore ou Un Souffle Remua La Nuit
nous baladent quand à eux dans l’univers délicat de Low.
Si on pouvait simplement décrire cette musique comme du post-rock,
on parlerait de cet album comme du plus bel album de post-rock de l’année.
Peut-être est-ce tout simplement le plus bel album de cette année…
Le Livre Noir Du Capitalisme est un disque coup de poing dont on sort violemment
chamboulé, qui pourrait être comparé à la vision
de La Vie Rêvée des Anges, et pas uniquement pour sa bande-son,
mais aussi pour sa rage, sa force et sa lumière, celles que de telles
œuvres dégagent. Depuis combien de temps n’avait-on rien entendu
d’aussi magnifique? Depuis Low, Mogwaï? Mais avait-on déjà
entendu quelque chose d’aussi magnifique?
Sylvain Chauveau dédit son disque « A tous ceux que j’ai
un jour détesté. Je n’ai pas oublié ». On n’oubliera
pas non plus, et on conseillera ce disque à tous les gens qu’on
a un jour aimé et qu’on aimera toujours, à des gens comme
Sylvain.
Stéphane
Noise Museum Records
19, rue Colson
21000 DIJON http://www.zone51.com/noisemuseum, noise.museum@wanadoo.fr